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Comment se concentrer en restant attentif ? (N° 1).

La question vous paraît incongrue? Il peut sembler évident que se concentrer revient à être attentif, pourtant il n’en est rien et c’est exactement ce qui rend les solutions pas si faciles à mettre en place.

Pour ce sujet, je vais regrouper Concentration, attention et TDA/H (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité). Je vous propose de décomposer le sujet en trois articles distincts:

  • N° 1: Concentration/attention; comment cela fonctionne.
  • N° 2: Trouble du déficit de l’attention; Impact sur les apprentissages, les études, le travail et le quotidien.
  • N°3: Quelles solutions. Au delà delà des difficultés, une force insoupçonnée.

Avec l’objectif de chercher à apprendre tout ce dont on a besoin ou envie vient le problème de la concentration. Ce sujet me tient personnellement à cœur car il est à la base de ce projet de blog. C’est incontestablement à cause de mes difficultés d’attention que j’en suis venus à chercher des solutions et à vouloir apprendre toujours plus.

« Concentre toi!« , « fais plus attention« : Ces deux phrases, je les ai entendues des milliers de fois depuis l’enfance et même encore à l’âge adulte.

« Enfant rêveuse, dans les nuages, dispersées.. »: Pas un seul bulletin scolaire sans trouver l’un de ces commentaires…

Cela peut paraître sans grande conséquence, pourtant cela a conditionné une grande partie de ma vie et a introduit durablement en moi un terrible manque d’assurance. IL m’a fallut arriver à l’âge de 40 ans pour enfin comprendre que si j’ai du mal à mémoriser, ce n’est pas parce-que je suis moins intelligente que les autres mais seulement parce-que j’ai de gros problèmes d’attention.

Dans mon cas c’est un problème un peu extrême, cependant c’est une difficulté qui est très fréquente et qui a un fort impact sur les capacités d’apprentissage. C’est en tout cas ce qui m’a poussé à toujours chercher des moyens pour apprendre mieux et plus facilement malgré cette spécificité.

1- La perte d’attention: l’enfer de vivre avec.

En cours:

Pour vous donner une idée, quand j’écoute un orateur, pendant une conférence ou une réunion, il m’est très difficile d’écouter ce que dit la personne quand son discours n’est pas le contenu du texte qui est projeté. C’est soit l’un soit l’autre. Je ne peux pas me concentrer sur les deux et le fait de prendre des notes me fait perdre le fil d’une bonne partie du discours. Ma solution c’est d’enregistrer et de prendre en photos l’écran pour m’assurer de pouvoir retrouver les informations par la suite.

Lors d’une conversation:

C’est du coup beaucoup plus compliqué lors d’une conversation pour laquelle je n’ai pas la possibilité d’enregistrer. Le fait de me concentrer sur ce que me dit la personne, particulièrement si je sais que c’est important, me déconcentre sur une partie de ce qu’elle me dit. Quelque fois 5 min après la conversation j’ai perdu l’essentiel du message…

Dans le quotidien:

Vous me direz, c’est peut être le stress. je vous répondrais oui certainement. Mais qu’en est-il quand vous devez manger un soir au resto avec les copines. Le rendez-vous est prévu depuis quelques semaines, vous l’avez noté et vous aviez très envie d’y aller. Et puis le soir même, 21 heure, les copines appellent « et alors tu es où? » …. Et bien j’ai juste complètement oublié, je suis en pyjama sur mon canapé, les cheveux en pétard et pas prête du tout à sortir! Aïe!

Dans le travail:

Dans le travail, même topo. Un seul exemple pour faire court parce que c’est tellement fréquent que je pourrais en écrire un livre;
Je suis infirmière en dialyse et mon travail consiste à connecter les patients à un appareil dans le but de purifier leur sang et de leur faire perdre le trop plein d’eau accumulée dans leur corps qui n’élimine plus. Il faut donc les peser à leur arrivée et calculer un poids que je programme sur la machine.
J’ai une fois programmé 9 kg de perte au lieu de 900gr. Juste une seconde inattention, et hop, un zéro de trop. Rassurez vous, au premier tour de surveillance, j’ai vu mon erreur et j’ai pu la corriger rapidement ce qui fut sans conséquence pour le patient. le résultat aurait quand même pu être désastreux…

se concentrer, rester focus
se concentrer tout en restant attentif

2- Concentration/Attention, deux faces d’une même pièce.

Pour moi, la difficulté quand je me dis « allez concentre toi, c’est important ! », c’est bien souvent un résultat contraire. Pourquoi? Et bien parce-que le fait de me focaliser sur la nécessité de me concentrer me déconcentre… C’est un peu le serpent qui se mord la queue…

D’un point de vue neuropsychologique, l’attention dirigée vers une tache implique l’utilisation des mécanismes inhibiteurs du cerveau. Ceux ci aident à bloquer les stimuli entrants non pertinents (non liés à la tâche en cours).

Comment cela s’explique? Quelle différence entre concentration et attention? Par quels mécanismes les deux sont liées?

Dans son excellent article sur la dynamique de l’attention, Benoit De La Fonchais décrit l’attention comme la capacité à filtrer ce qui est important et ce qui ne l’est pas.

Il précise que l‘imagerie cérébrale permet à l’heure actuelle de différencier dans le cerveau les moments d’attention ou d’inattention.
Grossièrement, selon que vous écoutez attentivement votre interlocuteur ou que vous l’écoutez d’une oreille distraite, l’image n’est pas la même!

Selon le Larousse:

  • L’attention:  Activité ou état par lesquels un sujet augmente son efficience à l’égard de certains contenus psychologiques (perceptifs, intellectuels, mnésiques, etc.), le plus souvent en en sélectionnant certaines parties ou certains aspects et en inhibant ou négligeant les autres.

    Être vigilant, faire attention, être attentif implique la récupération, l‘analyse et le traitement des données sensorielles (ouïe, odorat, toucher, vue, goût), et des données cognitives (pensées, sentiments, souvenirs..). A partir de ces données, le cerveau porte certains de ces éléments à votre conscience.
  • La concentration: C’est l’action de faire porter toute son attention sur un même objet.
    Cet action de se concentrer implique que l’on dé-focalise son attention de tout ce qu’il y a autour. On décide intentionnellement de discriminer une partie de nos perceptions pour se focaliser sur notre sujet.

    Ce processus nécessite de porter la conscience à un haut niveau et de faire abstraction de tout ce qui n’est pas utile ou pertinent.

    Vous vous retournez dans la rue sur une odeur qui vous rappelle votre enfance. Votre attention vient de se focaliser sur votre sens olfactif et sur l’analyse de données dans vos souvenirs.
    Pendant ce laps de temps, d’autres sens sont probablement un peu en sourdine.
    Par contre certains sens se sont focalisés en même temps que votre odorat; Votre regard a dû s’orienter vers cette odeur, votre corps s’est peut-être retourné.

Paradoxalement plus on est concentré, plus on devient inconscient de l’univers autour de nous.
Tout d’un coup, on peut en oublier de manger et lever le nez de ce que l’on fait depuis le matin à la tombée de la nuit et avoir perdu de fil de la journée.

3- Différents types d’attention:

L’attention est un élément central et indispensable à l‘activité cognitive, ce qui en fait un élément incontournable de tout processus d’apprentissage.

Elle est étudiée par les neurosciences et la psychologie cognitive qui sont en capacité d’évaluer les capacités attentionnelles de tout individu.

Pour mieux en comprendre la teneur, elle est classifiée selon ses composantes:

L’attention sélective ou focalisée:

Discrimination d’un ou plusieurs sens au profit d’un ou plusieurs autres. Passage du traitement automatique à une modification du comportement physique.
Vous êtes en train de conduire sans vraiment faire attention à vos gestes; Votre cerveau est probablement focalisé sur vos pensées pendant qu’une partie de votre cerveau fait le reste plus ou moins en dehors de votre conscience.
Tout à coup un obstacle apparaît; La boucle Perception-Action se met en marche, vos pensées sont oubliées, vos sens sont en alerte jusqu’à l’évitement de l’obstacle. Votre cerveau a discriminé ce qui ne lui est pas directement utile.

L’attention partagée:

Vos capacités d’attention sont divisées entre les différents besoins inhérents à votre activité en cours et en fonction de l’importance du besoin.
J’apprends le piano depuis quelques semaines sans rien connaître à la musique.
Immanquablement, je dois mobiliser toutes mes ressources attentionnelles pour réussir à produire un son à peu près audible.
Je dois sentir les touches, différencier le rythme entre les deux mains, essayer de déchiffrer la partition, écouter et tenter de reconnaître les notes pour savoir si je joue juste.
Inutile de venir me parler sinon c’est le cahot assuré!
A n’en pas douter, dans quelques mois je devrais être capable de moins réfléchir à chaque mouvement. les ressources mobilisées en terme d’attention ne seront plus les mêmes.

La vigilance, l’alerte et attention soutenue:

Trois niveaux d’attention plus ou moins soutenus en fonction de facteurs environnementaux externes ou internes d’intensité et de durée variable.

Vigilance/alerte

3- Mécanismes impliqués dans les troubles de l’attention :

Le processus concentration/attention est un puissant mécanisme de défense destiné à nous protéger et à nous rendre plus efficient en fonction des besoins. C’est en fait une boucle de perception/action qui nous permet tour à tour de se concentrer sur le plus important du moment ou nous mettre en alerte face au danger.
Bien qu’étant indispensable à la vie, cela ne va pas de soi pour tout le monde en toute circonstance.

Les problèmes peuvent se situer au niveau de l’engagement, du désengagement et/ou du réengagement de l’attention. En d’autres termes, la personne peut avoir du mal à rentrer en concentration sur sa tâche, avoir du mal à sortir de sa phase hyper focus sur ce qu’elle est en train de faire et/ou avoir du mal à s’y replonger si un autre stimuli externe l’a déconcentré.

Tenter d’améliorer sa concentration pour pouvoir apprendre, travailler mieux ou simplement ne plus oublier les choses du quotidien passe par la compréhension des facteurs aggravants:

  • Stress et émotion: Une étude menée sur 60 étudiants. en période d’examen a montré une modification des taux de cortisol salivaire liée au stress avec une amélioration de la mémoire à court terme mais une diminution de la capacité d’attention.
  • Fatigue: Le processus d’attention intensif peut provoquer une fatigue mentale importante mais la fatigue sous toutes ses formes entraîne à son tour des troubles cognitifs dont la diminution de la capacité d’attention. Au final l’un est précurseur de l’autre.
  • Alcool, médicaments, drogues; toute substance psychotrope est susceptible d’avoir une action sur les fonctions cognitives et de modifier la réponse neurologique à un stimuli. Dans certains cas, cela peut améliorer la concentration (c’est le cas de la Ritaline, entre autres, qui est utilisée pour aider les personnes souffrant de TDA/H) mais dans de nombreux cas c’est l’inverse.
  • vieillissement; selon Pierre Krolak-Salmon et Catherine Thomas dans la revue de neuropsychologie, le vieillissement est à l’origine d’une « fragilité » générale qui altère les fonctions cognitives. IL y a une difficulté à faire face aux changements, à l’imprévu, une difficulté à être interrompu dans ses routines, une perte de flexibilité qui rend difficile le passage d’une tâche à l’autre.
    IL s’agit là d’une modification des fonctions exécutives, de la mémoire de travail et de l’attention.
  • manque d’intérêt pour le sujet; C’est un peu un paradoxe, chez les gens qui ont du mal à se concentrer. En général ils sont capables de se concentrer sur certains sujets hyper minutieux pendant des heures pour ne pas être capable de se fixer sur des choses qui paraissent sans difficulté à d’autres. C’est particulièrement agaçant pour l’entourage qui peut avoir le sentiment qu’on se moque d’eux.
  • Hyper activité; Quand elle est trop importante, il peut devenir impossible de fixer son attention plus de quelques minutes. Cela peut devenir un vrai handicap au quotidien et un enfer pour l’entourage qui peut avoir du mal à comprendre.
  • Habitudes: L’exemple par excellence est la conduite. Ne vous est-il jamais arrivé d’arriver à un point B en n’ayant aucun souvenir du trajet depuis le point A? Diriez vous que vous étiez attentif ou concentré?
  • Traumatismes crâniens et certaines maladies.

4- Pour conclure:

Je dirais qu’en dehors de toute pathologie, la qualité des capacités de concentration et d’attention sont des enjeux majeurs et indispensables à tout processus cognitif efficient.

De l’enfance, jusqu’à un âge avancé, en passant par l’âge adulte, « soigner » cette compétence est primordial. Comprendre les mécanismes qui l’impacte permet d’orienter ses efforts mais n’est pas vraiment suffisant.

Je mettrais ici le lien vers les deux articles suivants qui paraîtrons prochainement dans lesquels je vous propose d’aller plus loin sur le trouble du déficit de l’attention (TDA/H) pour vous faire part de ce que ça représente concrètement dans le quotidien d’une personne qui le subit.

Dans le dernier article, j’aborderais surtout les trucs et astuces pour améliorer le quotidien et tenterais de proposer quelques solutions.

Si vous avez aimé l'article, vous êtes libre de le partager! :-)

8 thoughts on “Comment se concentrer en restant attentif ? (N° 1).

  1. Comment ne pas se sentir concerné par le sujet ? 😁
    Je me rends compte de ne rien écouter parfois lorsque les gens me racontent leur journée, ou bien d’aller à un endroit sans voir passer la route et même parfois d’oublier un certain moment pourquoi je suis venu à cet endroit ! 😂
    Mais c’est vrai qu’à contrario je peux être focus pendant des heures sur un sujet précis.
    Première étape : dormir plus ! 😅

    1. Tous les gens qui sont créatifs, innovants et entreprenants sont un peu comme ça la plupart du temps. A fond dans ce qu’on fait! Et c’est vrai, bien dormir est un facteur essentiel dans les troubles de l’attention et je crois pouvoir dire dans tous les processus cognitifs en général.

  2. C’est justement en suivant une formation sur les troubles neurodéveloppementaux que je me suis posée la question si je n’avais pas un TDA/H, mais la frontière entre une pathologie chronique et la « normalité » est mince. Merci pour cet article qui donne de très bon exemples du quotidien.

    1. Effectivement la frontière est mince. La difficulté est d’arriver à bien se connaître sans pour autant s’enfermer dans les cases qui peuvent s’installer avec tout diagnostic.

  3. En effet sujet pas facile et tellement important. Au travail j’utilise la méthode Pomodoro, je ne sais pas si tu l’as connais qui consiste à essayer de se concentrer sur une tache pendant 20 minutes pour la mener à bien. et puis ensuite pause et changement de sujet. Bien concentrée on est plus rapide et plus efficace. Reste à réussir le challenge !

    1. Ha oui l’histoire du minuteur en forme de tomate! C’est une méthode que je connais et je la trouve intéressante. Pour ma part j’essaie surtout de m’obliger à terminer une tâche avant d’en commencer une autre et d’éviter tout ce qui peut me distraire.
      Chacun doit tester et appliquer les astuces qui lui conviennent le mieux.

  4. Je me sens très concerné par ces problèmes d’attention. Surtout lorsque ce que dit mon interlocuteur me fait penser à autre chose, je peux partir très très loin dans mes pensées 😌

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