Maximiseur de potentiel

La mémoire: mieux la connaître pour mieux l’utiliser.

Entre Perception, Attention, Motricité, Langage et Raisonnement, la Mémoire constitue l’une des six fonctions cognitives exercée par le cerveau. Chacune de ces fonctions est assurée de manière étroitement liée avec les autres et s’en trouve finalement peu dissociable.

Cependant, il est actuellement connu que chaque zone cérébrale a un rôle plus spécifique.

De la même façon que des rôles sont assignés à des zones du cerveau, chaque région est plus ou moins utilisée dans le processus de mémorisation.

Comme pour les fonctions cognitives, la mémoire est elle aussi décomposée en sous groupes qui forment les différents types de mémoire. Chacun ayant leur rôle à jouer et s’organisant selon un enchaînement d’étapes indispensables qu’il est nécessaire de comprendre pour mieux apprendre à mémoriser.

Ce processus de mémorisation subit l’influence d’éléments extérieurs inhérents à nos comportements qui viennent modifier nos capacités de mémorisation dans le sens de l’amélioration comme l’inverse et doivent faire l’objet d’une certaine attention si l’on souhaite maximiser ses chances de mémoriser tout ce que l’on souhaite.

Dans certains cas la mémoire se trouve altérée et fait l’objet de dysfonctionnements qui ont un fort impact sur l’autonomie et la qualité de vie d’une personne.

Le cerveau: Un peu d’anatomie:

Voici en images comment se répartissent les zones du cerveau et leurs liens avec les fonctions cognitives. Une zone en particulier appelée Hippocampe est particulièrement importante dans les processus de mémorisation. Cette zone, siège de la production de nouveaux neurones est, entre autre, la première atteinte dans la maladie d’Alzheimer.

Découpage des lobes qui composent le cerveau
Différentes zones impliquées dans les fonctions cognitives au sein de notre cerveau.

https://qbi.uq.edu.au/files/27797/Lobes-of-the-brain-QBI.jpg

La mémoire, comment ça marche ?

Pour faire simple, le cerveau est composé de milliards (entre 85 et 100 milliards) de neurones correspondant les uns avec les autres et formant un réseau semblable à un circuit électrique. Chaque neurone est lui même constitué d’axones (les fils) et de synapses (les connectiques). Les synapses échangent entre elles des quantités incroyables d’informations à la vitesse de la lumière sous l’impulsion d’une protéine, Le Glutamate qui est un neurotransmetteur, le tout formant une activité bio électrique.

La mémoire est l’expression d’une variation de l’activité électrique entre un ensemble de neurones par l’intermédiaire des synapses.

Donnons un exemple: le mot « Bonjour » correspond à un ensemble de connections neuronales entre les Neurones N° 1, 5, 10, 15 etc et « Au revoir » en une combinaison de Neurones N° 5, 7, 8, 2 etc.. Bien sur c’est un exemple plus que basique, qui implique bien plus que quelques neurones pour un simple mot mais l’idée étant de comprendre qu’il ne s’agit pas tant d’un lieu où sont mémorisées les informations que d’un réseau qui se forme, se déforme et se reforme en permanence.

Chacun de ces neurones lui même précédemment impliqué dans une ramification antérieure permettant au cerveau de retrouver toutes les informations qu’il a déjà apprises et emmagasinées.

Différents types de mémoire:

IL est d’usage de répartir les différentes formes de mémoire en sous groupes en fonction des compétences qu’elle permet d’obtenir.

On va parler de :

  • La mémoire sensorielle: C’est la mémoire qui permet la fabrication d’un réseau neuronal à partir de la perception de nos sens sous influence d’un stimuli. Autrement appelé mémoire perceptive. Cette mémoire va se former sans intention volontaire à partir de nos sens et nous permettre, entre autre, la mémorisation de cinq à dix éléments pendant quelques secondes ou quelques minutes (mémoire flash ou à court terme).
    Typiquement une suite de chiffres par exemple. L’information s’enregistrera, ou pas, dans la mémoire à long terme en fonction de l’attention et du besoin porté à cette information.
  • La mémoire sémantique: D’une certaine façon la banque de données de notre cerveau. Elle comprend les connaissances générales; Les mots, les caractères nécessaires au langage par exemple.
    Mémoire des faits et des concepts.
  • La mémoire de travail: Mémoire à court terme, qui va permettre l’analyse et le maintient de la mémorisation sur un temps donné. C’est par exemple la mémoire utilisée par un serveur le temps de prendre note d’une commande jusqu’à l’avoir servie. Elle permet d’analyser une situation à partir de connaissances pré enregistrées le temps de la mise en application.
  • La mémoire épisodique: Va permettre le souvenir d’évènements vécus dans leur contexte que ce soit en terme de date, lieu, état émotionnel, etc.
    Également appelée mémoire autobiographique puisqu’elle est dépendante de la perspective de la personne qui la mémorise avec ses propres perceptions et ressentis. Sur une même scène chaque personne présente mémorise la situation différemment de son voisin même à 20 cm l’un de l’autre.
    C’est un type de mémoire non consciente classée dans la mémoire à long terme. Le souvenir sera plus ou moins consolidé dans le temps et avec plus ou moins de détails en fonction de la personne elle même et de l’importance de ses perceptions au moment de l’action.
  • La mémoire procédurale: C’est la mémoire qui enregistre les automatismes nous permettant de réaliser tout ce que nous faisons sans même y penser. Apprendre à marcher, à écrire, à parler, à faire du vélo, etc… C’est par un grand nombre de répétitions que se forme cette mémoire.

Ces différents types de mémoire vont se constituer sur la base de ramifications neuronales et se localiser dans certaines régions du cerveau. IL y a cependant une activité neuronale permanente entre chaque zones. Comme pour les fonctions neuronales, il ne s’agit pas là de limites figées.

Comment se constitue le souvenir:

Il y a d’abord une étape d’encodage des informations qui permet au cerveau d’enregistrer tout ce qui se passe au niveau de nos sens, d’analyser les données en regard de ce qu’il connaît déjà en formant de nouveaux maillages neuronaux.
Chaque connaissance antérieurement encodée vient former un puzzle que le cerveau reconstitue et incrémente de ses nouvelles perceptions reçues.

Vient ensuite un renforcement du souvenir à partir de ces nouveaux réseaux de neurones et un renforcement de leurs synapses. Phénomène appelé Plasticité synaptique.

La capacité de stockage de notre cerveau serait de 1000 disques durs d’un téraoctet chacun.
les neuroscientifiques du Salk Institute et des chercheurs de l’université du Texas à Austin et de l’université d’Otago ont démontré que les connexions synaptiques peuvent s’agrandir en fonction des besoins pendant que d’autres diminuent.

La consolidation de la mémoire nécessiterait également la synthèse de nouvelles molécules dans le cerveau et particulièrement une molécule appelée eIF2α qui interviendrait dans la régulation des protéines dans les neurones. La stimulation de la synthèse de cette protéine dans l’hippocampe améliorerait la formation de la mémoire et la modification des synapses.
(Etude de Jean-Claude Lacaille publiée le 7.10.2020 dans Nature)

La consolidation définitive des souvenirs demanderait au moins deux ans de répétition pour atteindre la plasticité synaptique maximale. Stade à partir duquel le souvenir est durablement et définitivement ancré.

Dernière étape; le rappel ou récupération. C’est le moment où le cerveau recherche l’encodage initial pour restituer le souvenir à notre conscience.
Pour se faire il va s’aider de toutes les données à sa disposition et notamment les indices ou repères saisis à l’encodage et qui vont permettre de remettre l’information dans son contexte.

Comment maximiser nos efforts d’apprentissage ?

Comme vu plus haut, la mémorisation est une trace dite mnésique qui est en réalité un nouvel itinéraire créé entre les neurones grâce à des modifications électriques et biochimiques au cœur de l’échange synaptique préexistant et résultant de combinaisons antérieures.

La qualité de cette trace et sa durabilité va essentiellement se jouer sur les indices donnés à son cerveau au moment de l’encodage. Plus il y a d’informations connexes, de perceptions et de ressentis liés à ce souvenir, plus la trace sera importante et facile à ressortir.

Plus la trace sera réactivée, souvent et longtemps, plus elle sera imprégnée sur le long terme.

Au final:

  • Plus l’acte de mémoriser sera conscient et volontaire, plus il sera efficace,
  • Plus l’encodage sera précis, circonstanciel et lié aux sens, plus il sera facile à retrouver.
  • Plus il sera élaboré, structuré et analysé, plus il se maintiendra dans le temps.

Concrètement, quoique vous tentiez d’apprendre, tenter d’y associer consciemment un lieu (là où vous trouvez au moment de l’apprendre), un ressenti (dans quel état d’esprit êtes-vous, avez vous chaud, froid..), une représentation mentale, un procédé mnémotechnique et répétez le processus aussi souvent et longtemps que nécessaire jusqu’à ce que l’ancrage du souvenir soit définitif.

IL existe pour ce faire de nombreuses astuces et outils qui peuvent aider à ce processus et que j’aborderai dans d’autres articles.
La mémoire est également largement influencée par de nombreux éléments externes liés à notre état de santé qui sont à prendre en considération dans une démarche d’amélioration de la mémoire. Pour exemple; le stress, les médicaments, la qualité du sommeil etc.

Pour conclure :

Comprendre le fonctionnement de ces processus de mémorisation est l’occasion pour moi de prendre conscience de l’impossibilité de rendre ceci facile et rapide. Apprendre reste un effort quand il s’agit de nouvelles données à inscrire dans nos champs de compétences.
Ceci précise l’importance d’apprendre, de le faire dans les meilleures conditions possibles et de rechercher tous les outils à notre disposition pour y arriver.

Il est également intéressant de réfléchir à la place d’une pléthore de supports actuellement à disposition qui permettent à la fois de trouver n’importe quelle information sur la toile en trois secondes mais qui nous pousse certainement à solliciter de moins en moins notre mémoire.

Pour aller plus loin:
S’il est un élément déterminant, parmi d’autres, dans la capacité à encoder le souvenir, c’est l’émotion. Pour autant que soient difficiles et laborieux les apprentissages de connaissances, il est toujours assez facile (en dehors de troubles psychologiques spécifiques) de mémoriser des événements importants de la vie en lien avec de fortes émotions. Évènements heureux, et plus encore malheureux, laissent des traces indélébiles dans notre cerveau.
Il a été découvert que des gènes seraient impliqués dans le processus de mémoire. Découverte ouvrant la voie vers ce qui est appelé épigénétique ou comment la mémoire pourrait modifier notre patrimoine génétique au delà même de notre propre génération.
Preuve, s’il en faut une, que le cerveau et la mémoire sont probablement encore à l’aube de nombreuses découvertes.

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4 thoughts on “La mémoire: mieux la connaître pour mieux l’utiliser.

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