Trouble du déficit de l’attention (N°2)
Pour faire suite à mon dernier article sur les difficultés à se concentrer et rester attentif, il me parait important de faire un point plus spécifique sur le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H).
Pour la petite histoire, mon mari dit de moi que je ne suis pas seulement dans la lune mais que la lune est en moi et même qu’elle m’appartient! C’est donc un problème que je vis de l’intérieur, avec lequel il m’a fallut composer et qui a eu et a encore un fort impact sur mes choix.
Le TDA/H est un trouble neuro-développemental qui porte le niveau d’inattention à son paroxysme.
C’est un trouble qui toucherait entre 3 et 5 % des enfants et environ 3% des adultes.
Il s’agit là d’un trouble reconnu comme un handicap, dans lequel il est facile de se reconnaître tant il porte sur un sujet commun sans qu’il soit pour autant pathologique chez tout le monde.
Pour reprendre le discours d’un psychiatre (vous m’excuserez j’ai oublié son nom), il n’y a de trouble que lorsqu’une personne vit son problème comme une souffrance.
En d’autres termes il y a quantité de gens de gens qui ont des problèmes d’attention et qui s’en accommodent sans conséquence majeure sur leur quotidien.
Au delà du trouble, le choix de carrière professionnelle a certainement une influence sur les répercussions au quotidien; Tout simplement parce qu’il est plus facile de s’en arranger en étant artiste peintre qu’en étant neurochirurgien par exemple.
Ce constat est l’une des raisons qui me pousse à aborder ce sujet dans ce blog.
Comme, bien souvent, il est important de connaître ses forces et ses faiblesses pour maximiser tout ce qui peut l’être et apprendre à faire avec ce qui ne peut pas l’être.
Qu’est-ce que le TDA/H ?
Selon le DSM-5 (cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité est un trouble caractérisé par une apparition dans l’enfance souvent avant l’âge de 12 ans et qui se présente sous trois formes principales:
- dominance de l’inattention dans le comportement;
C’est par exemple un enfant qui a du mal à écouter en classe, qui se disperse, qui est souvent reconnu comme rêveur, dans la lune, dans son monde intérieur. Les devoirs sont un moment compliqué pour lui si personne ne l’aide à se focaliser. une mouche dans la pièce l’empêche probablement de se concentrer de même que toutes les idées qui lui viennent à l’esprit et le parasitent.
IL y a des chances qu’il commence les choses sans jamais vraiment les terminer, laisse tout ou partie de son matériel en plan.
Possiblement, il part dans l’idée de commencer une chose et a l’idée d’en faire une autre en cours de route.
IL perd ses affaires, qu’il laisse traîner n’importe où sans aucune logique pour les retrouver dans des lieux quelques fois incongrus.
Là je suis sure que vous sentez la personne qui parle en connaissance de cause;
Oui il m’est arrivé de retrouver mes clefs dans le congélateurs, de laisser ma carte bancaire dans des magasins, de tomber en panne d’essence 200 m après la pompe à essence alors que le voyant était allumé ou encore de passer un feu au rouge après m’être arrêtée au vert!
Et ce genre d’exemples je pourrais en écrire un livre! - Hyperactivité et/ou impulsivité:
Cela peut être un enfant qui parait très turbulent, bouge en permanence.
IL coupe la parole assez facilement y compris des adultes.
Il touche à tout, est incapable de rester assis plus de quelques minutes.
Les instituteurs ont du mal avec ces élèves perturbateurs pour qui il faudrait changer d’activité toutes les trois minutes.
Leur impulsivité les pousse souvent à une certaine insolence.
Ils parlent et agissent bien avant d’avoir réfléchi aux conséquences de leurs paroles et peuvent se mettre facilement en danger pour tester quelque chose qui les intéresse sans avoir anticipé les conséquences.
Leur besoin de rapidité dans la réponse attendue à toute question peut les amener à de la frustration, de l‘irritabilité et des comportements globalement mal adaptés. - Forme mixte:
Chacun des exemples cités au dessus reste un exemple parmi milles autres.
Certains vont avoir une facette beaucoup plus inattentive et d’autres beaucoup plus hyper actifs.
Il n’y a pas de limite franche entre les deux et la proportion de chaque élément est propre à chacun.
Il est souvent reconnu que les formes hyperactives sont plutôt moins fréquentes chez les filles qui du coup sont moins diagnostiquées.
Les rêveurs sont moins perturbateurs et attirent moins l’attention sur eux tout simplement.
Perturbations fréquemment associées au TDA/H :
Dans le trouble du déficit de l’attention il n’y a que très rarement ce seul problème. les troubles les plus fréquemment associés sont:
- Des troubles des fonctions cognitives ;
Difficulté au niveau de l‘attention de fait, des difficultés au niveau de la mémoire. Je vous invite à lire mon article sur les notions de concentration/attention afin de comprendre de lien entre mémoire et attention. - Des troubles de l’apprentissage ;
IL peut y avoir des retards dans les apprentissages de la lecture, de l’écriture ou de tout autre apprentissage à des niveaux différents.
Souvent les difficultés vont varier en fonction des centres d’intérêt de l’enfant.
La cohorte des DYS va souvent être associée: Dyscalculie, Dyslexie, Dysorthographie..
C’est un enfant qui ne sait pas gérer son temps, ne sait pas s’organiser et à de la difficulté à s’atteler à des tâches longues.
Cela peut s’avérer agaçant pour les parents qui voient leurs enfants capables de certaines prouesses sur certains sujets et rater tout le reste.
Et je vous le confirme, ils ne le font pas exprès. - Des troubles du comportement ;
Très rapidement ce sont des enfants qui peuvent développer un manque chronique de confiance en eux.
Ils se sentent différents, incapables de se conformer aux attentes, associer leurs incapacités à l’idée qu’ils sont moins compétents que les autres, peut être même se sentent-ils moins intelligents.
Une anxiété peut rapidement s’installer ainsi des comportements de refus, d’opposition de mise en retrait, colère…
Au final, il n’est pas rare que ces enfants vivent un certain rejet social, soit parce qu’ils se replient facilement sur eux même dans leur propre rêverie soit parce que perçus comme trop différents par les autres.
Les causes, diagnostic et traitement du TDA/H :
Selon l’HAS, l’âge moyen du diagnostic se ferait entre 9 et 10 ans.
La répartition des troubles serait: Environ 47% en faveur des troubles de l’attention, 36 % vers l’hyperactivité/impulsivité et 3% associant les deux.
Le consensus international de la World Fédération of TDAHD propose un certain nombre d’hypothèses:
- L’aspect génétique serait en cause dans environ 70 % des cas.
Il est rare qu’un ou plusieurs membre de la famille ne soit pas atteint quand on trouve un enfant qui l’est dans une famille.
De fait il est connu que les parents ne sont pas toujours alertés par le comportement de leurs enfants; Souvent l’un d’eux a le même problème sans le savoir. C’est surtout le cas lorsqu’il s’agit d’une forme sans hyper activité qui évolue en quelque sorte à bas bruit. - Aspects environnementaux:
Grossesse à problème, prématurité, traumatisme crânien, maltraitance.. - Aspects neuro-biologiques et neuro-psychologiques:
Atteinte des structures et des réseaux neuronaux induites par des complications lors de l’accouchement.
Incapacité à gérer les émotions, à reporter la récompense (hypo-activation du cortex frontal entraînant une diminution de l’inhibition des comportements parasites).
Un dysfonctionnement des systèmes Dopaminergiques (la dopamine est une hormone impliquée dans la transmission des informations entre les neurones également appelée hormone du Bonheur car elle entre dans les phénomènes liés au plaisir).
Globalement les recherchent tendent à montrer l‘implication des systèmes de neurotransmission. - Diagnostic:
Il va se baser sur un ensemble de mesures psychométriques et neurobiologiques et sur un questionnement de la famille, des rapports faits par les enseignants sur le comportement général à l’école et sur l’observation et le questionnement de l’enfant.
Les tests psychométriques vont être pratiqués par un pédopsychiatre.
Le diagnostic différentiel reste important et doit mettre en évidence les autres troubles le cas échéant. - Les traitements:
les agonistes noradrénergiques font l’objet de beaucoup de recherches actuellement en accord avec la théorie d’implication des systèmes de neurotransmission.
Pour l’heure l’essentiel des traitements est basé sur l’utilisation de psychostimulants comme le méthylphénidate et les dérivés amphétaminiques.
Force est de constater cependant la sur utilisation de ces produits notamment aux Etats-Unis qui devrait inciter à la prudence. Tout enfant turbulent n’est pas atteint de TDA/H et quand bien même il le serait, le traitement est-il indispensable?
Devenir adulte avec un TDA/H
Ce trouble a longtemps été réservé au domaine de l’enfance avec l’idée qu’il disparaissait avec l’entrée dans l’âge adulte.
C’est Paul H. Wender qui a le premier mis en évidence la persistance du trouble à l’âge adulte avec son concept « Minimal Brain Dysfunction » en 1971.
On peut noter que la persistance du TDA/H à l’âge adulte est plus important dans les cas Inattentifs que pour les cas Hyperactifs.
Au jour d’aujourd’hui, il se trouve encore de nombreux psychologues qui pensent ce trouble réservé à l’enfance et particulièrement en France contrairement aux Eats-Unis qui le reconnaît depuis longtemps.
Ce trouble étant reconnu comme un Handicap et ouvrant des droits en terme d’accompagnement scolaire, d’adaptation dans le travail et d’allocations spéciales, la question du coût est probablement en partie responsable de ce raisonnement spécifiquement Français.
Ce trouble est fréquemment lié à un risque accru de comportements à risque à l’âge adulte comme la consommations de tabac, d’alcool et autres substances.
L‘échec scolaire et professionnel est également plus important que dans le reste de la population.
Conclusion :
Ce trouble du déficit de l’attention est un trouble particulièrement invalidant pour ceux qui en sont atteint. Il représente un ratio finalement assez important de la population et pourtant encore mal connu surtout dans le monde du travail.
IL y a de bonne améliorations au niveau de la prise en charge infantile avec une bien meilleure connaissance par les enseignants notamment.
La question du test ou pas test autrement dit, étiquette ou pas étiquette, se pose et ne doit pas être négligée.
Beaucoup de pédopsychiatres sont plutôt frileux à l’idée de mettre les enfants dans des cases.
En tant que personne ayant ce problème et ayant plusieurs personnes atteintes dans la famille, je peux témoigner du fait que pour les parents comme pour les enfants il peut être important de mettre des mots et d’expliquer la différence qu’ils ne comprennent pas toujours.
Pour moi qui l’ai compris à l’occasion du test de ma fille alors que j’avais environ 45 ans, cela a été enfin une occasion de comprendre pourquoi il m’était si difficile d’apprendre par rapport aux autres.
Cela m’a permis d’améliorer ma propre estime de moi en comprenant que je n’étais pas plus idiote que les autres et surtout de crier au monde « cessez de me répéter de me concentrer, car malgré tous mes efforts plus j’essaie et moins j’y arrive! et ce n’est pas de ma faute. »
Dans le volet N° 3, je mettrais plus l’accent sur les aspects positifs de ce trouble car il y en a et les connaître peut permettre de mieux orienter ses choix professionnels.
Ce sera également l’occasion de proposer des trucs et astuces qui peuvent rendre de grands services au quotidien.
Merci pour cet article. Je me retrouve bien dans ce que tu dis et pourrais allonger la liste de tes exemples 🙂 J’attends avec impatience le volet n°3
Et j’espère qu’il amènera quelques idées pour améliorer tout ça!
Outre le fait que ce trouble est directement invalidant (pour reprendre vos mots) dans la vie de tous les jours, le jugement des personnes au quotidien est une seconde sanction… Merci de contribuer à faire connaître le TDAH
c’est vrai, comme souvent dans tout ce qui relève du psychique les gens ont rapidement le sentiment qu’in le fait exprès et qu’il suffit de faire des efforts..
Certaines situations sont assez amusantes à lire, mais ce doit être parfois difficile à vivre.
Pour mon cas, j’ai du mal à suivre les discussions, je repère aux premiers mots si le sujet m’intéresse, et si ce n’est pas le cas, j’ai beaucoup de mal à me forcer, et à rester attentifs, perdant parfois le fil et ne sachant pas quoi répondre… J’essaie de me soigner… C’est grave docteur ? 😅
Aïe, grave peut-être pas mais sans aucun doute gênant selon les conversations et surtout exaspérant pour ceux qui s’en rendent comptent! l’essentiel c’est de le savoir et de tenter de s’améliorer.
Ton article est très bien expliqué, on cerne bien ce qu’est cette maladie! Je connais une personne qui a cette maladie et je retrouve tout dans tes explications. Merci pour l’article qui fait découvrir cette pathologie!
merci, ravie d’avoir pu amener une contribution dans la connaissance de ce trouble.
Merci pour toute cette clarification et cette clarté sur les troubles TDA/H
Je savais à peine le quart de ce que j’ai appris en lisant cet article très complet
Merci de partager ton expérience qui est très utile pour comprendre les impacts sur la vie quotidienne et sur soi
Merci, c’est important pour moi de faire connaître ce trouble qui est bien plus fréquent qu’il n’y parait et qui invalide pas mal de gens.
Bonjour 🙂
Merci pour ce super article qui expose très bien les difficultés des personnes qui souffrent d’un TDA/H.
Je suis parfaitement en accord avec vous au sujet du diagnostic (au-delà des tests). Grr… c’est une question qui revient souvent en psychiatrie : « est-ce que poser un diagnostic, c’est mettre les gens dans des cases ». Absolument pas. Enfin, éventuellement, si les professionnels ne font pas le travail et s’arrêtent au diagnostic avant de laisser tomber la personne avec ça sans l’aider.
Quel que soit le trouble, je suis d’accord avec vous sur l’intérêt d’avoir un diagnostic, régulièrement réévaluer. Il permet comme vous l’avez bien dit, aux personnes de comprendre ce qui leur arrive, de cesser de culpabiliser inutilement, de prendre en main leur trouble, de chercher et trouver les meilleures prises en charge ou adaptations. Bref. Un bon diagnostic, bien expliqué, avec un soutien adapté est très important.
C’est également important, comme vous l’avez dit, pour la famille qui comprend ce qui se passe pour la personne malade, cesse d’exiger ce que la personne ne peut pas atteindre et peut enfin la soutenir de manière adaptée. Les familles souffrent souvent de voir leur proche en souffrance, j’ai écrit un kit spécial pour les familles qui veulent aider leur proche malade et qui sont un peu perdues avec ce diagnostic qui tombe parfois brutalement. Peut-être qu’il vous intéressera ou vos lecteurs : https://mafamilledeouf.com/demarrer-ici-pour-aider-un-proche-malade-psychique/
Encore merci pour l’article.
Merci pour le commentaire et pour le lien qui me paraissent très pertinents et pour cet échange très enrichissant.